Histoires secrètes

Plus près du paradis

Paolo Caliari, dit Véronèse (1528 – 1588), Esquisse pour Le Paradis, XVIe siècle

Les chantiers, cela peut prendre du temps. Et ce n’est pas nouveau ! Déjà au XVIe siècle, les Vénitiens l’ont appris à leurs dépens…


Tout commence en 1577. Le Palais des Doges de Venise est endommagé par un incendie. C’est une bonne excuse pour revoir la décoration de la salle du Grand Conseil. Et autant voir les choses en grand : ce sera une peinture gigantesque, de plus de 25 mètres de large. Les autorités vénitiennes lancent donc un concours auquel participent les quatre plus fameux peintres de l’époque. Et c’est Véronèse qui le remporte.

Son projet marque le jury. La composition, très spectaculaire, donne l’illusion que le mur de la salle s’ouvre pour laisser apparaitre un monde céleste. Comme si la salle du Grand Conseil donnait directement sur le paradis ! Mais pour une raison assez mystérieuse, le chantier n’a toujours pas démarré en 1588, date de la mort de Véronèse. Le premier projet, si beau soit-il, tombe ainsi à l’eau… Il ne reste aujourd’hui qu’une esquisse peinte du projet, précieusement conservée par le Palais des Beaux-Arts de Lille.

Les commanditaires lancent un second concours. Cette fois, c’est la bonne : c’est le peintre Tintoret qui est désigné. Sauf que là encore, tout ne se passe pas comme prévu. Tintoret a 70 ans et il n’a plus l’énergie pour s’investir dans un tel chantier. C’est finalement son fils qui réalise l’œuvre que l’on peut admirer, encore aujourd’hui, au Palais des Doges ! 

Sous la plume d'Artips

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