Le club des seniors
Les Vieilles de Francisco de Goya figurent parmi les joyaux de la collection. Ces vieilles coquettes, aux parures impeccables ne sont pas épargnées par le pinceau acerbe de Goya !
Le grand âge n’a en effet pas toujours été gage de respectabilité. À la Renaissance, la beauté juvénile est érigée en idéal. La vieillesse est synonyme de laideur et d’infirmité. Il faut attendre le 18e siècle pour qu’on le regarde avec plus de tendresse et de vénérabilité.
Au 20e siècle, la vieillesse est taboue. La personne âgée, désormais « ainé(e) », ou « senior », est invitée à rester active par une société obsédée par la performance. Voici en quelques œuvres choisies, le rapport de quelques artistes à la vieillesse.
Dans La Descente de croix de Rubens une vieille femme fait irruption sur le côté gauche. Avec ses sandales à semelles de bois, elle incarne un type populaire. Nez busqué, menton proéminent dû à la perte de sa dentition, on peut dire que Rubens ne l’a pas flattée ! Tous les âges de l’humanité sont ici témoins du sacrifice accompli par le Christ.
Chez Jacob Jordaens dans La Tentation de Marie-Madeleine, une vieille femme ridée fait figure de tentatrice. Les bijoux qu’elle tend à la sainte sont symboles d‘envie et de perdition. Ici la vieillesse est synonyme de péché. Marie-Madeleine a raison de s’en méfier !
Georges Lallemant dans son Adoration des Mages représente Melchior, le plus vieux des Rois Mages, avec une longue barbe blanche. Agenouillé devant l’enfant Jésus, il vient apporter l’or en cadeau. À travers lui, le pouvoir terrestre reconnaît l’avènement du Christ, nouveau roi du monde.
Chez Jusepe Ribera, Saint Jérôme, l’ermite traducteur de la Bible, est peint en clair-obscur dans un face à face avec la mort. Le saint au corps décharné reproduit la démarche du Christ, qui s’était lui aussi retiré au désert pendant 40 jours. La vieillesse est ici le temps de l’étude, de la prière et de la méditation.
À l’inverse, chez Gerrit Van Honthorst, Le Triomphe de Silène met en scène un vieillard beaucoup moins sérieux ! Le vieux Silène, précepteur de Bacchus, dieu du vin, incarne l’ivresse.
Ce sujet fait écho aux joyeux buveurs et autres vieillard ivrognes ou libidineux qui peuplent parfois les scènes de genre au 17e siècle.
Une Tête de vieillard, par le peintre hollandais Jan Lievens, suiveur de Rembrandt, montre le même intérêt que le maître de Leyde pour les sujets au grand âge. L’étude peinte, dite « tête de caractère », met l’accent sur l’expressivité, peut-être réalisée d’après modèle vivant.
La femme de Jéroboam rendant visite au prophète Ahija de Frans van Mieris relate un épisode de l’Ancien-Testament. Un vieil oracle reçoit la visite d’une belle jeune femme, richement vêtue. Il lui annonce la mort prochaine de son fils car son mari est coupable d’idolâtrie. La jeunesse est punie par un châtiment divin alors que le vieillard est le garant de l’autorité morale.
Jean-François de Troy montre également une vieillesse fragile et touchante avec cette Vieille femme se chauffant les mains près du foyer. L’artiste établit un parallèle entre la vieillesse et la saison froide.
Le célèbre Bélisaire de David restaure quant à lui la dignité du vieillard : un général byzantin tombé en disgrâce. Il mendie dans les rues, guidé par un adolescent. Reconnu par un soldat, son héroïsme est réhabilité et son honneur est sauf.
Sélection d'oeuvres sur le parcours