Qu’elle soit mère, muse, sainte ou prostituée, la figure féminine constitue une source inépuisable d’inspiration pour les artistes. Force est de reconnaître qu'elle existe en art essentiellement sous le regard d'artistes masculins. Ces images codifiées répondent à des canons esthétiques qui ont certes évolué, mais qui donnent une image trompeuse et fantasmée de la femme, dont résultent les stéréotypes qui circulent encore aujourd'hui. Dans la suite de l'exposition "Où sont les femmes ?" (20 oct. 2023 - 11 mars 2024), le musée a imaginé un parcours d'une cinquantaine d'œuvres dans les collections qui retracent l'histoire de ce regard. En voici un extrait.
Commençons notre parcours avec cette Vierge à l'enfant de Rogier van der Weyden. Au-delà de sa fonction religieuse, cette image incarne à elle seule la plénitude et la tendresse ressentie par Marie dans son rôle de mère. Le regard attendri qu'elle pose sur son nouveau-né parle au cœur de toutes les femmes qui ont l'expérience de la maternité.
Arrêtons-nous un instant maintenant sur Marie-Madeleine. C’est un personnage biblique complexe, dont la légende et le rôle ont été diversement interprétés au fil des siècles. Elle est à la fois pécheresse et sainte, d’une beauté irrésistible et d’une dévotion infaillible. Ainsi, après avoir surmonté ses faiblesses et mis sa foi à rude épreuve, elle incarne à travers les siècles la beauté et l’amour mystique. Son destin individuel devient symbole de valeurs universelles.
Mais lorsque la femme est trompée, prenez garde ! Elle est capable d'aller par delà le bien et le mal pour assouvir son esprit de vengeance ! En témoigne la Médée de Delacroix, qui commet un double infanticide pour se venger de son mari Jason.
À l'image d'Eve qui fut le première tentatrice, la figure féminine continue d'incarner le péché. C'est le péché de vanité qu'illustre ainsi Goya avec Les Vieilles. Au seuil de la mort, deux femmes ridées et décrépites se contemplent pourtant encore dans le miroir.
À l'inverse, la figure de Vénus est une allégorie de la beauté. Celle d’Amaury-Duval est bien trop lisse et trop parfaite pour être réelle ! Lorsque l'identité du modèle est connue, elle nous révèle parfois un pan de l’histoire intime de l’artiste. C’est le cas pour le portrait de Berthe Morisot à l’éventail de Manet ou pour Olga au col de fourrure de Picasso. Comme souvent dans l’œuvre du maître espagnol, une histoire d’amour relie l’artiste à son modèle, ici Olga Khokhlova, une danseuse des ballets russes. Pourtant, ce portrait semble dénué d’émotion. La jeune femme est statufiée, la palette est froide. Leur histoire battait alors de l’aile...
Et avez-vous remarqué à ce sujet que le corps de la femme était la plupart du temps partiellement ou totalement dénudé ? C'est le cas pour la sculpture de Pradier qui fit scandale : Satyre et Bacchante. À partir d’un sujet mythologique qui lui sert de prétexte, l’artiste exalte la beauté et la sensualité du corps féminin, s’éloignant de l’idéal classique pour proposer un style plus réaliste, et plus ambigu aussi puisqu'on ne saurait dire si la jeune femme s'offre ou bien résiste ...
Figure maternelle, mythologique, biblique, muse ou maîtres, se, la femme incarne la tendresse, la passion ou la protection, mais elle est aussi la source de bien des tourments !
Sélection d'oeuvres sur le parcours