Un sacré personnage que ce conservateur-là ! Convaincu qu’il fallait des œuvres remarquables pour faire un grand musée, Edouard Reynart repère en 1873 deux tableaux de Francisco Goya chez un marchand parisien. La ville fait l’acquisition de l’un des deux, Les Jeunes, pour la somme de 7 000 francs. Mais pas question pour lui de renoncer à l’autre tableau ! Aidé par deux de ses amis, il achète Les Vieilles sur ses fonds personnels. Aujourd’hui, ces deux toiles comptent parmi les plus célèbres du musée.
Qui l’eut cru ? La construction du Palais des Beaux-Arts a été financée par une loterie ! En mettant en vente cinq millions de billets à un franc, la ville pensait pouvoir offrir aux prestigieuses collections l’écrin qu’elles méritaient. Oui mais voilà, l’opération ne rapporta finalement que la moitié du budget escompté. Les ambitions des architectes Bérard et Delmas doivent donc être revues à la baisse. Comme un clin d’œil à cette mésaventure, le bâtiment-lame érigé en 1997 à l’arrière du musée joue avec le reflet du musée comme pour lui rappeler qu’à l’origine, il devait s’étendre sur le double de surface !
L’armée allemande réquisitionne le musée dès le mois d’octobre 1914. Il reste malgré tout ouvert au public. En dépit des précautions prises par le conservateur de
l’époque Emile Théodore, qui dormait sur place pour veiller sur les précieuses collections, ce sont plus de soixante-dix obus qui tombent sur le musée et causent de lourds dommages au bâtiment et aux œuvres. Fort heureusement, il était parvenu à mettre une partie des chefs-d’œuvre à l’abri en les faisant évacuer à l’arrière du front, au musée de Valenciennes. Après la guerre, le musée ne rouvre ses portes au public qu’en 1924, au prix d’efforts considérables de la part du conservateur et de son équipe pour effacer les traces de cette période sombre.
En quelques décennies à peine après son ouverture en 1892, le nombre d’œuvres présenté par le musée n’a cessé de croître, grâce à une politique d’acquisition très active. La collection de peintures compte désormais plus de 1300 pièces. Il faut savoir qu’à l’époque, la notion de réserve n’existe pas: tous les tableaux sans exception étaient accrochés, couvrant les murs de haut en bas ! Il est urgent de trouver des solutions d’agrandissement et de créer de nouveaux espaces pour les exposer. La cour intérieure du musée d’une surface de plus de 1000 mètres carrés est donc couverte au terme d’un chantier de trois années, initié en 1932.
Si les tableaux de Monet, de Renoir et de Sisley illuminent aujourd’hui la galerie impressionniste, c’est grâce à l’incroyable legs de Maurice Masson, un passionné d’art qui était aussi un ami de Rodin. La belle histoire se poursuit en 1974 avec Denise Masson, fille de ce dernier, qui lègue à son tour au musée un ensemble de pièces remarquables parmi lesquelles un pastel de Renoir, plusieurs toiles de Vuillard, d’autres Sisley, une marine de Boudin et des sculptures de Rodin.
Plus qu’une rénovation, c’est une petite révolution qui s’opère entre 1991 et 1997, sous la conduite des architectes parisiens Ibos et Vitart. Le musée passe de 15 000 à 22 000 m2 de surface totale. Les salles voûtées du sous-sol sont aménagées pour accueillir le département Antiquités, Moyen Âge et Renaissance et les seize plans-reliefs, gagnés par Pierre Mauroy au terme d’une bataille acharnée avec le musée des Invalides à Paris, sont logés sous l’atrium. Ces travaux sont aussi le signe fort d’une ouverture du musée sur des activités plus diversifiées et d’une ambition d’envergure. Sont aussi créés : une salle d’exposition temporaire, un auditorium, des ateliers pédagogiques et une bibliothèque.
Pari réussi pour les architectes Jean-Marc Ibos et Myrto Vitart. Ils ont: réhabilité le bâtiment original avec des matériaux contemporains (le verre, le métal, le béton), ouvert la façade arrière sur l’extérieur et créé de nouveaux espaces qui permettent aux collections d’être redéployées et donc valorisées. Le rouge franc des salles de peinture, les aplats d’or de l’atrium, les lignes pures et transparentes du bâtiment-lame sont autant de choix signatures qui forgent la nouvelle identité du musée. Transformé, agrandi, embelli, le Palais des Beaux-Arts s’affirme, à l’aube des années 2000 comme un grand musée européen.
Cette année-là, Lille est capitale Européenne de la culture. Le Palais des Beaux-Arts décide de frapper fort en organisant une rétrospective consacrée au "Dieu des peintres" : Pierre Paul Rubens. 170 tableaux, esquisses, dessins et tapisseries du maître de la peinture baroque arrivent du monde entier et s’offrent au regard ébloui des lillois et des touristes de passage. Pour répondre à la demande du public qui se presse aux portes du musée, les horaires d’ouverture sont étendus et le musée réalise un record de fréquentation qui reste inégalé à ce jour.
La toiture originale de 1892 montrait depuis plusieurs années des signes de faiblesse qui représentaient un véritable danger pour les œuvres, ne serait-ce que par les infiltrations répétées d’eaux pluviales. Malgré des réparations ponctuelles et répétées, l’heure était venue d’envisager sa réfection complète. Un chantier titanesque de deux ans a donc été entrepris courant 2015 pour traiter et rénover les charpentes, la couverture en ardoise, les ouvrages ornementaux, les verrières et l’éclairage extérieur. Conserver et protéger les collections pour les générations futures, ça passe aussi par là !
En 2017, le Palais des Beaux-Arts entame une transformation de ses espaces et de ses services pour offrir à ses visiteurs plus de confort, de services et d’outils de médiation. L’atrium constitue la première étape de cette campagne. Là, vous pouvez désormais : prendre un café, vous restaurer, vous reposer dans de confortables salons, consulter librement des revues et des livres d’art, vous connecter en Wifi, choisir parmi une large gamme d’ouvrages et de cadeaux à la boutique, mais aussi créer votre parcours de visite personnalisé sur les tables tactiles, télécharger la nouvelle appli mobile et naviguer dans des chefs-d’œuvre en gigapixels. Soyez les bienvenus !
Entièrement restaurés pendant plus de 10 mois par une équipe de 15 restauratrices, les plans-reliefs conservés au musée de Lille ont retrouvé leur écrin en mars 2019. Nouvel éclairage, nouvelle signalétique, textes, frises et chiffres-clés, la collection se révèle aujourd’hui sous un regard neuf et original. Une médiation numérique innovante et interactive permet aussi d’en explorer les moindres détails et d’en percer tous les secrets.
Lille, 1892. On inaugure en grande pompe un édifice flambant neuf, entièrement dédié aux Beaux-Arts. Un journaliste écrit : « Nulle part en France, même à Paris, statues, bustes ou groupes ne sont aussi grandement logés ni mieux mis en valeur » ! Mais ce beau palais, qui plaît tant aux visiteurs, a bien failli ne jamais voir le jour…
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Il y a un grand trou dans le Palais des Beaux-Arts de Lille ! L’atrium, la cour intérieure au cœur du musée, est intégralement creusée… Pourquoi un tel chamboulement ?
Vous ne pouvez pas les rater ! Deux grosses bulles de savon multicolores vous accueillent dans le hall du musée. Mais que font ces créations, gigantesques et exubérantes, dans un lieu du XIXe siècle ?
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De l’autre côté du parvis extérieur du musée se dresse un grand bâtiment, dont la façade, lisse comme un miroir, renvoie l'mage de l'édifice de pierre. Que se cache-t-il derrière cet écran mystérieux?