Comme le fait remarquer l’écrivain Théophile Gaultier, ce Salon pourrait s’appeler « le Salon des Vénus. Elles y abondent comme si, d’un accord tacite, les peintres s’étaient donné le même thème pour formuler leur idéal. »
Parmi celles-ci : La Naissance de Vénus d’Amaury-Duval. Elle est debout, à peine sortie de la mer d’où elle est née. La déesse de l’Amour essore délicatement ses longs cheveux, sans nous regarder. Son corps sinueux, très dessiné, doit beaucoup au maître d’Amaury-Duval, le célèbre peintre Ingres. Ce dernier lui disait d’ailleurs « Vous serez un peintre aimable » : une manière polie de dire qu’il ne marquerait pas l’histoire ?
En tout cas, ce n’est pas sa Vénus que la postérité retiendra !
Et c’est la Vénus de Cabanel qui remporte le gros lot : elle fait craquer l’empereur lui-même ! Il décide de l’acheter. L’impératrice n’est pas en reste, elle va débourser une somme considérable pour acquérir une troisième Vénus, celle de Paul Baudry.
Et qui peut reprocher à Daumier d’ironiser face à cette overdose de Vénus ? Deux visiteuses, complexées face aux corps idéalisés des déesses du Salon lancent : « Comme s’il y avait des femmes faites comme ça ! »
Sous la plume d'Artips