Disposés dans le décor dépouillé d’une niche de pierre, comme négligemment abandonnés par la main de l’homme, les objets sont en réalité parfaitement ordonnés. Ils semblent dialoguer entre eux comme les protagonistes d’une conversation familière et intime. Le couteau, projeté en oblique vers le spectateur, vient contredire le rythme calme des verticales et des horizontales de la composition. Le gobelet d’argent appartient à l’artiste. Il se plaît à le représenter dans ses tableaux tout au long de sa carrière.
Quelques détails accrochent le regard : les miettes de pain tombées sur le rebord de la margelle en pierre ou le reflet de la cuillère sur le gobelet... La peinture est riche, épaisse, grumeleuse. Le brillant du gobelet ou du rebord du plat est rendu par quelques touches de blanc qui viennent égratigner la surface de la toile.
Une radiographie du tableau a révélé de nombreux repentirs : un chou et un agrume ont été finalement recouverts par le peintre pour obtenir une construction plus sobre. La scène baigne dans une lumière douce unifiée par une grande harmonie des couleurs. L’atmosphère est silencieuse, comme recueillie.
Le sujet en soi n’a rien de bien extraordinaire, mais la façon dont Chardin restitue la présence et la matérialité des objets force l’admiration. À la fois austère et sensuel, l’ensemble est d’un réalisme éblouissant. Diderot disait des natures mortes de Chardin: « C’est la nature même ; les objets sont hors de la toile et d’une vérité à tromper les yeux. »
N° d'inventaire : P. 1998
Disposés dans le décor dépouillé d’une niche de pierre, comme négligemment abandonnés par la main de l’homme, les objets sont en réalité parfaitement ordonnés. Ils semblent dialoguer entre eux comme les protagonistes d’une conversation familière et intime. Le couteau, projeté en oblique vers le spectateur, vient contredire le rythme calme des verticales et des horizontales de la composition. Le gobelet d’argent appartient à l’artiste. Il se plaît à le représenter dans ses tableaux tout au long de sa carrière.
Quelques détails accrochent le regard : les miettes de pain tombées sur le rebord de la margelle en pierre ou le reflet de la cuillère sur le gobelet... La peinture est riche, épaisse, grumeleuse. Le brillant du gobelet ou du rebord du plat est rendu par quelques touches de blanc qui viennent égratigner la surface de la toile.
Une radiographie du tableau a révélé de nombreux repentirs : un chou et un agrume ont été finalement recouverts par le peintre pour obtenir une construction plus sobre. La scène baigne dans une lumière douce unifiée par une grande harmonie des couleurs. L’atmosphère est silencieuse, comme recueillie.
Le sujet en soi n’a rien de bien extraordinaire, mais la façon dont Chardin restitue la présence et la matérialité des objets force l’admiration. À la fois austère et sensuel, l’ensemble est d’un réalisme éblouissant. Diderot disait des natures mortes de Chardin: « C’est la nature même ; les objets sont hors de la toile et d’une vérité à tromper les yeux. »
N° d'inventaire : P. 1998