Anges et démons peuplent les œuvres d’art depuis l’antiquité. Que ce soit dans les cultures païennes, ou plus tard dans la tradition chrétienne, les esprits du Bien et du Mal s’affrontent depuis la nuit des temps. Propagées par la diffusion de l’art chrétien à partir du Moyen Âge, les représentations des anges et des démons sont ancrés dans l’imaginaire collectif. Elles sont même revivifiées depuis quelques années par le courant de l’Heroic fantasy qui traverse le cinéma, la bande dessinée ou les jeux vidéo. Anges délicats et créatures maléfiques se croisent aussi dans les objets de la collection du musée de Lille.
On connaît la représentation classique et populaire de l’angelot sous des traits enfantins, de petites ailes blanches accrochées dans le dos. On les retrouve par exemple dans La Nativité de Philippe de Champaigne, où ils veillent sur l’enfant Jésus qui vient de naître. Mais il est parfois un peu plus difficile de les identifier. L’ange assis au sommet de l’Encensoir aux Hébreux par exemple, a perdu ses ailes. Et pourtant, il vient de sauver trois jeunes Hébreux condamnés par le roi de Babylone Nabuchodonosor à être brûlés vifs dans une fournaise !
Dans la très belle Vanité de Van Hemessen, l’ange est un jeune homme robuste doté d’ailes de papillon. Dans L’ Ascension des Élus de Dirk Bouts, aussi appelé Le Chemin du Paradis, un groupe de fidèle assiste en direct à la montée de leurs compagnons dans les nuées. Leurs âmes sont sauvées et promises à la vie éternelle. En revanche, ça n’est pas la même histoire sur l’autre volet de ce qui était à l’origine un triptyque. La Chute des damnés est à elle seule un catalogue de monstres et de supplices plus effrayants et sadiques les uns que les autres !
On dit aussi que le diable se cache dans les détails. Certainement. Mais parfois il se cache aussi sous une robe ! Dans La Tentation de saint Antoine, de David Teniers, le diable envoie cette élégante jeune femme pour tenter de détourner saint Antoine de sa foi. À bien y regarder, on devine sous l’étoffe de vilaines pattes griffues !
Parfois, les anges jouent de la musique, pour les oreilles délicates de la sainte Vierge. Parfois, ils s’invitent dans un portrait de famille, comme c’est le cas dans le tableau de Marc Chagall, Apparition de la famille de l’artiste. Derrière l’artiste qui se représente devant son chevalet, un ange surgit dans un ciel rouge sang. Une vache, son épouse en robe de mariée et toute une suite d’autres personnages peuplent la scène, dans laquelle se croise les vivants et les morts, la réalité et les souvenirs.
Quelle que soit la forme qu’ils prennent, anges et démons sont depuis les civilisations les plus lointaines les intercesseurs entre les hommes et les dieux. Ils entretiennent les mythes et les croyances et participent, les uns comme les autres, au fragile équilibre du monde.
Sélection d'oeuvres sur le parcours