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À Table !

À Table !

Nourritures terrestres

S’il y a bien un endroit où tout le monde se retrouve : c’est autour de la table ! Qu’il soit quotidien, festif, mythologique, ou religieux le repas, quand il est représenté dans l’art, est un incomparable marqueur sociologique et culturel. Les mets servis, la vaisselle utilisée, la typologie des personnes qui se retrouvent autour de la table sont autant d’indices sur le mode de vie d’une société à une époque donnée. Dès l’Antiquité, le banquet transforme le rituel quotidien du repas en véritable événement social en associant la préparation de mets raffinés à la musique, la poésie et au discours philosophique. Tout un art de vivre !

Dès l'antiquité l'art de se mettre à table est mis en scène. De nombreuses stèles provenant d'Égypte représentant des personnes attablées devant des amas de nourriture sont conservées dans les musées, en témoigne à Lille la Stèle du soldat Teti

Et saviez-vous que les arts de la table étaient déjà appréciés au Moyen Âge ? En témoigne cette salière originale en forme de chevalier en armure.

Plus tard, dans la culture chrétienne, la Cène, le dernier repas du Christ, devient le sacrement fondateur de la messe. Le tableau de Léonard de Vinci, réalisé entre 1494 et 1498 est un des plus célèbres tableaux de toute l’histoire de l’art. Contrairement à ce qu’on pourrait penser au premier regard, c’est un autre épisode qui est représenté dans la sculpture en albâtre datant du XVe siècle intitulée Le Repas chez Simon. Les calices, les pains et les poissons présents sur la table reprennent les codes des Evangiles et du saint sacrement. Au premier plan, Marie-Madeleine inonde les pieds du Christ avec du parfum tandis qu’un chien ronge un os et un autre le regard avec envie. Dans le tableau de Quellin, Jésus chez Marthe et Marie, l’épisode sert de prétexte à peindre une profusion de victuailles soigneusement agencées dans une appétissante nature morte. 

Les personnages en seraient presque relégués au second plan, derrière l’étalage des volailles, poissons, gibiers et autres légumes ! La nature morte est justement le sujet de prédilection des peintres du siècle d’or hollandais, à l’image de Van Beyeren qui signe ce citron pelé saisissant de réalisme.

En France, Chardin poussa cet art considéré alors comme mineur, jusqu’à la perfection. Il faut dire aussi qu’à partir du XVIIe siècle, les arts de la table deviennent de plus en plus sophistiqués, la vaisselle de plus en plus raffinée, les bonnes manières enseignées et respectées. Des villes somme Delft se spécialisent dans la production de vaisselle en faïence, comme cette Assiette aux cartes à jouer, qui comprend une série de huit cartes de la même couleur, ici le trèfle. Il fallait avoir la série de quatre assiettes pour reconstituer le jeu complet de trente-deux cartes !

Mais la table c’est aussi la convivialité, le lien entre les êtres. Quoi de plus maternel que le geste de cette femme qui donne La Becquée à ses enfants, sur le pas de porte de la ferme familiale ? Et quoi de plus sympathique que de réunir ses amis autour d’une table, comme le fait Courbet dans cet Après-dînée à Ornans ? 

Sélection d'oeuvres sur le parcours